Hier soir, triomphe de Bo Skovhus dans la cour de l'Hôtel de Ville de Genève

Bo Skovhus, baryton & Stefan Vladar, piano dans la cour de l'Hôtel de Ville de Genève (Photo / Christian Chorier)

La cour de l'Hôtel de Ville de la cité de Calvin est un véritable "stradivarius" tant son acoustique est parfaite, claire et précise !

Au coeur de la vieille ville, c'est dans ce lieu magique, idéal pour des concerts de musique de chambre, que la baryton scandinave Bo Skovhus a donné, hier soir, un récital consacré entièrement à des lieder de Schubert et de Schumann.

Tour à tour tonitruant et fougueux, incisif et apaisant, lumineux et aérien, Skovhus sait jouer de sa voix comme s'il s'agissait d'un instrument à la technique éprouvée et aux mille couleurs et facettes. Sachant utiliser à bon escient les "forte" comme les plus impalpables "pianissimi", il nous conduit sur les plus hauts sommets de la musique vocale.

Avec cet artiste l'on croit être revenu au temps béni où l'illustrissime Dietrich Fischer-Dieskau distillait chaque note et chaque syllabe avec un art consommé.

Le public qui emplissait la cour a fait un triomphe - justifié et mérité - à cet élégant baryton qui nous a offert un soirée musicale de très haute tenue. L'homme est un chanteur de tout premier plan mais aussi un musicien accompli, c'est le moins que l'on puisse dire. Que cela fait du bien à voir et à entendre !

Bo Skovhus ayant fait le choix d'un programme difficile et sans concession avec des leader peu connus ou quasi-inconnus, on est en droit de se demander si nous aurions en France - hormis Paris - un public suffisamment connaisseur ou averti pour apprécier ce genre de récital ? Il n'y a qu'une ville aussi cosmopolite que Genève - ou que Vienne et Salzbourg en Autriche - qui puisse se permettre un tel luxe et réussir un tel pari.

En ce qui me concerne, j'ai trouvé la soirée absolument divine et musicalement j'ai été comblé. Cela n'arrive hélas pas assez souvent pour être signalé !

En plagiant le bon roi Henri IV, je serais également tenté de dire : "un tel récital vaut bien un opéra dans son intégralité" d'autant qu'il y a toujours, à quelques exceptions près, un ou plusieurs chanteurs qui nuisent à une interprétation globale satisfaisante !

A noter : le pianiste Stefan Vladar fut plus qu'un accompagnateur, il fut le véritable complice et partenaire de Bo Skovhus. Ces deux artistes forment un tandem absolument parfait !

Wiegenlied D498 de Franz Schubert / Bo Skovhus, baryton / Wien, 2010

La fontaine de la place Bourg-de-Four, à deux pas de l'Hôtel de Ville de Genève.